Philippe Riol, éleveur fraîchement installé à 45 ans « JE SUIS FIER D'AVOIR OSÉ FRANCHIR CE PAS »
Après vingt-deux ans d'animation technique au contrôle laitier du Cantal, Philippe Riol élève aujourd'hui ses propres vaches.
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L e travail d'un conseiller, c'est d'abord d'être à l'écoute des éleveurs et de les accompagner dans leurs projets. Pas de piloter à leur place, explique posément Philippe Riol. Je suis heureux de pouvoir aujourd'hui piloter à mon tour. »
C'est le départ à la retraite de son frère aîné qui déclenche l'installation de Philippe sur l'exploitation familiale le 1er janvier 2011. L'idée « de s'installer un jour » l'habite de très longue date. « Depuis toujours, je crois. J'ai grandi avec mon frère au milieu des vaches. Des salers traites avec leurs veaux en entravée, puis des montbéliardes arrivées en 1976. Le contact avec des laitières est un vrai contact de proximité », déclare Philippe Riol.
UNE EXPÉRIENCE ENRICHISSANTE
Cette passion vouée au lait trouve à s'exprimer durant plus de vingt ans au contrôle laitier du Cantal. Il y anime une équipe de quarante techniciens et vingt agents de pesée.
« Entre l'arrivée des moyens informatiques, l'évolution technico-économique de la production et les relations humaines avec nos adhérents, je n'y ai que de bons souvenirs. Sur ces deux décennies, mille éleveurs sont restés demandeurs de ce service alors que le nombre d'exploitations a chuté de 3 300 à moins de 2 000. ». La cohérence économique d'un système est l'un des credo que Philippe va désormais mettre en pratique sur sa propre exploitation : produire du lait, mais pas à n'importe quel prix. S'engager aussi dans une stratégie de territoire plutôt que dans la création d'une « usine à lait ». Philippe a repris les 30 ha de la famille à Marmahac et les trente-cinq montbéliardes. « Mon père et mes frères ont travaillé avant moi sur le cheptel. La qualité est là au niveau de la performance, des mamelles et des aplombs. De plus, cette race est adaptée au Cantal, très proche des conditions agro-climatiques des montagnes de l'Est. » Son projet intègre la reprise de 21 ha à La Bastide du Fau, là où son épouse Évelyne gère un camping. La vie de famille avec leurs deux enfants fait partie intégrante de la reconversion de Philippe. Une salle de traite ambulante a permis cet été de traire à La Bastide. La migration du troupeau et de la famille sur cette zone de montagne a d'ores et déjà commencé.
DU SALERS EN 2012
Une fromagerie y est en cours de construction. Une transformation du lait d'été en AOP salers est prévue pour le printemps 2012. « Nous avons une vraie chance entre les mains en étant sur un territoire à appellation d'origine contrôlée. Valoriser son lait jusqu'au bout d'une filière de qualité est moins incertain que s'intégrer dans un marché de masse. Les clients du camping savent exprimer leurs désirs et leurs craintes sur les produits alimentaires d'aujourd'hui. Ils viendront boire du “lait chaud” à la ferme sans tomber malade, voir ce que mangent nos vaches et se régaler de notre fromage. »
Philippe Riol se réjouit de ces perspectives et de ce pari de passionné sur l'avenir de son métier au pays.
MONIQUE ROQUE-MARMEYS
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